Jadis créative et florissante, la scène culturelle hongroise est aujourd’hui régie par les valeurs nationales défendues par le gouvernement. Le cri d’alarme d’une journaliste hongroise qui a quitté son pays pour l’Allemagne.
Qui change de pays change son âme, dit-on en Hongrie. Or, au cours des deux ans et demi qui viennent de s’écouler, un demi-million de Hongrois se sont expatriés dans le monde entier, soit deux fois plus que lors de la vague de répression qui a suivi le soulèvement de 1956. C’est beaucoup pour un pays qui compte à peine dix millions d’habitants.
J’ai décidé à mon tour de ne plus tolérer la situation. Les raisons de ce choix ne manquent pas : l’argent, les perspectives d’avenir, et surtout le sentiment d’étouffer dans la Hongrie d’aujourd’hui.
Je fais partie de cette génération qui était assez jeune après 1990 pour le sentir : l’atmosphère des années de l’enfance et de l’école avait changé. Quand on a eu une fois dans sa vie la possibilité d’avoir une opinion et de l’exprimer librement, on ne veut plus s’en passer, même si la vie n’a jamais été rose ni facile en Hongrie.